Art bouddhiste du lâcher prise : ce qu’il faut savoir

Un blogueur partage ses aventures et partage ses expériences de voyage. Voyager lui a appris une grande leçon qui n’a rien à voir avec la spiritualité ou des pensées très profondes. Il s’agit en fait d’une leçon très concrète : le sac à dos que vous portez sur vos épaules doit peser le moins possible.

C’est tout. Très simple, n’est-ce pas ? Et pourtant, il a répété ces mots des dizaines de fois en voyage, entre un juron et un autre. Car pendant de nombreuses années, quels que soient mes efforts, mon sac à dos était toujours trop plein et le poids sur ses épaules l’empêchait de profiter pleinement de l’expérience.

Puis il est devenu minimaliste, un tournant vraiment décisif : à partir de ce moment, il a compris que le secret d’un sac à dos léger réside dans la simplicité. Plus précisément dans une formule simple : seulement l’essentiel, rien de superflu.

Mettez de l’ordre dans votre esprit, pas seulement dans votre vie

Il a commencé à éliminer tout le superflu, un adjectif qui pour lui désigne aussi tout ce qui vous fait penser « il n’en a pas besoin maintenant, mais peut-être, demain… ». Après s’être débarrassé de tout ce qui n’était pas nécessaire, il a commencé à se concentrer sur ce qui l’était. Il a concentré son temps et son énergie sur l’essentiel, il s’en est occupé. Malgré cela, il se rapprochait de plus en plus des coordonnées de son bonheur.

Au début, devenir minimaliste lui a permis d’alléger considérablement sa vie du point de vue des objets. Sur le plan physique, son sac à dos pesait moins lourd, ses meubles étaient bien rangés, ses vêtements étaient facilement disponibles, etc. Mais au fil du temps, il s’est rendu compte que le minimalisme lui allégeait également sur le plan émotionnel. Il n’avait pas seulement mis de l’ordre dans les objets de sa vie, mais aussi dans le chaos de sa tête et de son cœur.

Ce fut une révolution de grande positivité qui lui a appris une autre leçon, cette fois-ci pas du tout concrète mais très spirituelle : le plus grand poids qu’on porte en soi n’est pas celui du sac à dos ou des choses, mais celui des pensées.

Le conte bouddhiste des deux moines et de la femme

Il pourrait écrire des milliers de mots pour expliquer ce concept mais il existe un conte bouddhiste qui, avec sa simplicité habituelle, le raconte parfaitement.

Deux moines bouddhistes ont quitté leur monastère pour un autre situé à une journée de marche. Après quelques heures de marche, une très forte tempête les a surpris. Les moines se sont mis à l’abri et lorsque la pluie a cessé, ils ont recommencé à marcher. Cependant, l’eau avait fait déborder une rivière et inondé toute la route.

Près d’un grand bassin d’eau, les deux moines ont vu une femme, belle et désespérée. La femme avait peur de traverser le bassin, elle a donc demandé aux deux moines s’ils pouvaient l’aider. Le plus jeune secoue la tête avec embarras et détourne le regard. Le moine le plus âgé n’y a pas réfléchi à deux fois : il a pris la femme dans ses bras et ils ont traversé ensemble l’étang. Une fois de l’autre côté, la femme l’a remercié et est partie dans une autre direction.

Les deux moines ont recommencé à marcher. Ils ont marché pendant tout ce temps en silence, sans prononcer un mot. Le moine aîné contemplait la nature, méditant tout en marchant. Le jeune moine, quant à lui, baissait les yeux et semblait pensif.

Ce n’est que le soir, lorsqu’ils aperçurent le monastère où ils allaient passer la nuit, que le jeune moine rompit le silence et dit vigoureusement à son compagnon de voyage : « N’est-ce pas mal de toucher une femme ? De la prendre dans vos bras comme ça, de sentir son corps pressé contre le vôtre, de lui permettre de mettre ses mains autour de votre cou ? Nous sommes des moines, n’est-ce pas mal de porter une femme dans les bras ? »

Le vieux moine a pris quelques secondes avant de répondre. Puis il a dit : « C’est vrai : j’ai porté cette femme sur quelques mètres. Mais toi, mon fils, tu l’as portée dans ta tête toute la journée. Vous l’avez portée avec vous depuis le moment où on l’a rencontrée jusqu’à ce moment… et il est probable que vous la porterez avec vous ce soir aussi ! ».

Le message de ce conte bouddhiste est à la fois simple et éclairant : les plus grands fardeaux qu’on porte n’ont rien à voir avec le monde physique. Ce ne sont pas des objets, ce ne sont pas des choses. Ce sont les pensées et tous les soucis, les peurs, les angoisses et les doutes qu’elles génèrent.

Tout cela ne peut pas être touché avec les mains, mais cela pèse beaucoup plus qu’un sac à dos ou un problème physique. La raison en est aussi simple : lorsqu’il s’agit d’un objet, on sait qu’il suffit de le poser sur le sol pour se débarrasser de son poids, mais lorsqu’il s’agit d’une pensée, l’affaire est beaucoup plus compliquée, car on a beaucoup plus de mal à contrôler ce qu’on a à l’intérieur que ce qui est à l’extérieur de soi.

Il existe une solution : vivre dans le « ici et maintenant ».

Ce conte bouddhiste se termine sans offrir de solution explicite : le vieux moine, en effet, n’explique pas au jeune homme comment il peut se libérer du poids de cette pensée qui l’a obsédé toute la journée. Mais la solution existe, et elle est toujours d’origine bouddhiste : apprendre à vivre dans « l’ici et maintenant ».

Le vieux moine y parvient, et grâce à cela, il vit sereinement. En fait, il porte d’abord la femme dans ses bras, puis il l’oublie et marche toute la journée en contemplant la beauté de la nature. Le jeune moine, quant à lui, est comme la plupart des gens : il est esclave du passé. Son esprit ne peut se fixer sur le moment présent, car il est exclusivement concentré sur un épisode du passé.

Ainsi, le jeune moine est malheureux. Il n’est pas conscient de la beauté qui l’entoure, ses yeux sont baissés et pleins d’inquiétudes et de doutes. Le poids qu’il porte en lui est bien plus important que tout poids existant dans la réalité extérieure.

Il croit fermement que le bonheur n’est pas un accident, mais un choix. Comme cette histoire vous l’enseigne, vous pouvez choisir de laisser derrière vous les événements négatifs de votre passé et les peurs qu’ils génèrent, ou vous pouvez continuer à vivre dans le passé en ignorant tout ce qui se passe autour de vous.

On peut choisir d’être comme le jeune moine, craintif et inquiet, ou comme le vieux moine : léger et concentré sur le présent parce qu’il est conscient qu’il n’a rien d’autre. Certainement plus heureux que ceux qui ont toujours l’esprit tourné vers hier ou demain.